Hum okay... c'était un pétard mouillé, ce début de blog, j'avoue. Disons que je n'ai pas eu l'occasion de crocheter depuis le post précédent ce qui remonte à.. à... à 1 an et demi. Ouh la honte ! D'autant plus que le précédent petit article de rien du touta très très bien marché : 470 vues en 1 an et demi, la vache ! La honte-bis...
Le problème, c'est qu'entre temps, le diagramme de la dentelle au crochet de La Mode Illustrée, que j'avais mise au propre... je l'ai perdu. Aïe. Et comme c'était un sacré travail de mettre au propre, en un schéma compréhensible, cette petite saloperie merveille, ce n'est pas tout de suite que je trouverai le temps de le faire enfin. Mais je le ferai.
***
En attendant, pour relancer doucettement la machine, je partage mon dernier mini-projet qui, oui, est histo. Pour Noël, on m'a offert un livre sur le picot bigouden traditionnel. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il n'en existait pas jusqu'à présent. Wesh wesh picot bigouden, mais c'est quoi ton truc ?
Assieds-toi, Guénola, j't'explique. Il y a fort longtemps, en un royaume lointain, qui porte nom de bigouden, la Sardine à un jour décidé de faire sa mijaurée et de voguer loin loin loin, si loin qu'on n'en a plus vue la queue d'une de plusieurs années. Et j'te raconte pas, la Sardine quand elle veut pas, on crève de faim. Littéralement. C'était vers 1905 (j'ai pas la date exacte en tête, c'était peut-être 1903), et la région tout entière, à la pointe de la Bretagne, s'est retrouvée dans une misère noire : la sardine, ce n'est pas juste la pèche, c'est aussi les conserveries, et c'était à l'époque où elle était la ressource première de la Basse Bretagne qu'elle s'est décidée à faire sa peste, c'te pimbêche. Le pays Bigouden, qui était déjà très pauvre, n'a pas trouvé pendant un temps de moyen de remédier au problème, les hommes (pêcheurs) comme les femmes (travaillant en conserveries) se sont retrouvés au chômage avec la plupart des familles dont les deux parents n'avaient pas de travail.
Sur ce interviennent les dames-patronnesses du coin. Souvent les dames-patronnesses, qui s'achètent leur place au Paradis par leurs actes de charité, se contentent d'apporter une aide d'appoint pour les familles les plus déshéritées, en fournissant ce qui manque, plutôt qu'en aidant les familles à trouver un moyen de sortir du cambouis. Là, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles ont sacrément sauvé l'honneur. Sans elles, et surtout une baronne (?) dont j'ai oublié le nom (mea culpa), la Bretagne n'aurait pas réussi à survivre -- péniblement certes, mais cette survie fut malgré tout un vrai miracle -- jusqu'au retour de Dame Sardine.
Elles se sont inspirée de la situation très similaire de l'Irlande au milieu du XIXe, qui avait connu de nombreuses famines du même genre, et surtout la Grande Famine. Il fallait offrir à tous, adultes comme enfants, un moyen de gagner un peu d'argent, rapide et facile à apprendre, et tout aussi rapide et facile à produire. C'est comme ça que fut inventé le crochet ou dentelle irlandais(e). Contrairement au tricot qui est travail long, d'une pièce, qu'il faut plusieurs jours pour exécuter, le crochet irlandais se caractérise par plusieurs petites pièces (on peut en exécuter plusieurs par jour) qu'on assemble à la fin. Et ces pièces, il existe une cinquantaine de motifs, peuvent être utilisées indifféremment pour constituer plusieurs types d'objets : la demande restait constante, même lorsque qu'un objet (le napperon le rideau, etc) n'était plus à la mode, et surtout, le travail de chaque jour pouvait offrir un retour rapide d'argent (même si le travail des petites mains n'a jamais été bien payé).
Plusieurs des robes présentées dans mon post inaugural sont d'ailleurs en crochet irlandais.
C'est donc le crochet irlandais qu'on a adapté en Bretagne, où il a pris le nom de crochet bigouden. Il présente de légères différences dans les points proposés (dont le picot bigouden qui donne son nom à cet art) qui le rend unique. Du début du XXe siècle, jusqu'aux années 50, il est resté très demandé, puis très vite, il s'est démodé, et ne renaît que depuis quelques années en Bretagne.
Ma grand-mère, née dans les années 20, dont le père pêcheur était mort quand elle était petite, et dont la mère était simple repasseuse de coiffes, a quitté l'école à 13 ans et elle aidait financièrement sa mère en faisant du picot. J'adorais la regarder faire quand j'étais enfant, mais elle considérait que j'étais incapable d'effectuer un travail manuel, comme ma mère. Malheureusement pour ses talents de prophétesse, je suis très bonne couturière et crocheteuse. J'ai appris seule dans mon coin, avec internet (ah.. mon ami YouTube...), et quand elle fut mise devant le fait accompli, elle avait dépassé les 80 ans, et n'arrivait plus ni à crocheter correctement, ni à se souvenir exactement des points. Du coup, elle n'a jamais pu m'apprendre. C'était une de mes grandes tristesse.
Jusqu'à ce que le Père Noël trouve mon conduit de cheminée et m'apporte ça :
Ouiiiii !!!! *kermit arm*
Bon, soyons honnête : le livre produit par une assoc' avec les moyens du bords présente les défauts de ses qualités : les motifs, comme promis par le titre, sont fournis par la mémoire des vraies picoteuses ou de leurs descendantes, ce n'est pas un livre produit par des éditeurs parisiens profiteurs, comme beaucoup de livres sur les arts & crafts. Le problème, c'est que c'est aussi un peu amateur : sur les quatre motifs que j'ai testés jusqu'à présent, deux avaient des indications manquantes (l'un est même trop raté, du coup, pour le montrer ici) et il faut s'y connaître en crochet pour essayer de combler les blancs. De manière générale, cet ouvrage ne peut pas être mis entre des mains débutantes. C'est bien dommage.
Le motif que je vais vous montrer s'appelle une plume, il m'a fallu 4 à 5 heures pour le réaliser : certes mon fil est très fin, ce qui ralentit le travail, mais quand même c'est un GROS morceau. Il manquait deux étapes (!!) dans l'explication, j'ai dû improviser. Mais je n'ai pas l'esprit matheux : la plume d'origine à 12 "ailettes", j'en ai 14. Néanmoins, mon compte tombait malgré tout juste sur les dernières mailles, alors je ne me plains pas :P
On peut voir en bas à droite sur la première photo, mon cordon qui dépasse. Comme le livre ne fournit pas d'explications sur le moyen de le cacher, j'ai encore du travail d'impro devant moi. Le crochet bigouden s'effectue sur un cordon de fil de lin qui n'est pas super-facile à trouver en magasin hors de Bretagne (hors de Bretagne, pas de salut !). Mon cordon est un n° 12, qui est la taille intermédiaire entre 16 et 8, 16 étant la taille de cordon la plus fine. Normalement, la picot s'effectue sur du cordon n° 8 (je n'en ai pas trouvé) avec un fil n° 40, et un crochet 0,75 mm. Pour les deux derniers, j'ai tout bon.
Il existe une taille de crochet plus petite (0,60 mm, pas encore testé), et j'ai découvert aujourd'hui que pour les fils plus fins (le mien est du DMC Babylo, le plus fin existant dans cette série), il fallait aller voir du côté des fils à dentelle de la marque Au chinois. Ma p'tite plume fait la largeur de ma paume, mais on peut donc l'effectuer encore plus petite...
Sur ce interviennent les dames-patronnesses du coin. Souvent les dames-patronnesses, qui s'achètent leur place au Paradis par leurs actes de charité, se contentent d'apporter une aide d'appoint pour les familles les plus déshéritées, en fournissant ce qui manque, plutôt qu'en aidant les familles à trouver un moyen de sortir du cambouis. Là, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles ont sacrément sauvé l'honneur. Sans elles, et surtout une baronne (?) dont j'ai oublié le nom (mea culpa), la Bretagne n'aurait pas réussi à survivre -- péniblement certes, mais cette survie fut malgré tout un vrai miracle -- jusqu'au retour de Dame Sardine.
Elles se sont inspirée de la situation très similaire de l'Irlande au milieu du XIXe, qui avait connu de nombreuses famines du même genre, et surtout la Grande Famine. Il fallait offrir à tous, adultes comme enfants, un moyen de gagner un peu d'argent, rapide et facile à apprendre, et tout aussi rapide et facile à produire. C'est comme ça que fut inventé le crochet ou dentelle irlandais(e). Contrairement au tricot qui est travail long, d'une pièce, qu'il faut plusieurs jours pour exécuter, le crochet irlandais se caractérise par plusieurs petites pièces (on peut en exécuter plusieurs par jour) qu'on assemble à la fin. Et ces pièces, il existe une cinquantaine de motifs, peuvent être utilisées indifféremment pour constituer plusieurs types d'objets : la demande restait constante, même lorsque qu'un objet (le napperon le rideau, etc) n'était plus à la mode, et surtout, le travail de chaque jour pouvait offrir un retour rapide d'argent (même si le travail des petites mains n'a jamais été bien payé).
Plusieurs des robes présentées dans mon post inaugural sont d'ailleurs en crochet irlandais.
C'est donc le crochet irlandais qu'on a adapté en Bretagne, où il a pris le nom de crochet bigouden. Il présente de légères différences dans les points proposés (dont le picot bigouden qui donne son nom à cet art) qui le rend unique. Du début du XXe siècle, jusqu'aux années 50, il est resté très demandé, puis très vite, il s'est démodé, et ne renaît que depuis quelques années en Bretagne.
Ma grand-mère, née dans les années 20, dont le père pêcheur était mort quand elle était petite, et dont la mère était simple repasseuse de coiffes, a quitté l'école à 13 ans et elle aidait financièrement sa mère en faisant du picot. J'adorais la regarder faire quand j'étais enfant, mais elle considérait que j'étais incapable d'effectuer un travail manuel, comme ma mère. Malheureusement pour ses talents de prophétesse, je suis très bonne couturière et crocheteuse. J'ai appris seule dans mon coin, avec internet (ah.. mon ami YouTube...), et quand elle fut mise devant le fait accompli, elle avait dépassé les 80 ans, et n'arrivait plus ni à crocheter correctement, ni à se souvenir exactement des points. Du coup, elle n'a jamais pu m'apprendre. C'était une de mes grandes tristesse.
Jusqu'à ce que le Père Noël trouve mon conduit de cheminée et m'apporte ça :
Ouiiiii !!!! *kermit arm*
Bon, soyons honnête : le livre produit par une assoc' avec les moyens du bords présente les défauts de ses qualités : les motifs, comme promis par le titre, sont fournis par la mémoire des vraies picoteuses ou de leurs descendantes, ce n'est pas un livre produit par des éditeurs parisiens profiteurs, comme beaucoup de livres sur les arts & crafts. Le problème, c'est que c'est aussi un peu amateur : sur les quatre motifs que j'ai testés jusqu'à présent, deux avaient des indications manquantes (l'un est même trop raté, du coup, pour le montrer ici) et il faut s'y connaître en crochet pour essayer de combler les blancs. De manière générale, cet ouvrage ne peut pas être mis entre des mains débutantes. C'est bien dommage.
Le motif que je vais vous montrer s'appelle une plume, il m'a fallu 4 à 5 heures pour le réaliser : certes mon fil est très fin, ce qui ralentit le travail, mais quand même c'est un GROS morceau. Il manquait deux étapes (!!) dans l'explication, j'ai dû improviser. Mais je n'ai pas l'esprit matheux : la plume d'origine à 12 "ailettes", j'en ai 14. Néanmoins, mon compte tombait malgré tout juste sur les dernières mailles, alors je ne me plains pas :P
Devant
Dos
On peut voir en bas à droite sur la première photo, mon cordon qui dépasse. Comme le livre ne fournit pas d'explications sur le moyen de le cacher, j'ai encore du travail d'impro devant moi. Le crochet bigouden s'effectue sur un cordon de fil de lin qui n'est pas super-facile à trouver en magasin hors de Bretagne (hors de Bretagne, pas de salut !). Mon cordon est un n° 12, qui est la taille intermédiaire entre 16 et 8, 16 étant la taille de cordon la plus fine. Normalement, la picot s'effectue sur du cordon n° 8 (je n'en ai pas trouvé) avec un fil n° 40, et un crochet 0,75 mm. Pour les deux derniers, j'ai tout bon.
Il existe une taille de crochet plus petite (0,60 mm, pas encore testé), et j'ai découvert aujourd'hui que pour les fils plus fins (le mien est du DMC Babylo, le plus fin existant dans cette série), il fallait aller voir du côté des fils à dentelle de la marque Au chinois. Ma p'tite plume fait la largeur de ma paume, mais on peut donc l'effectuer encore plus petite...